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Bibhutibhushan Bandopadhyay Aranyak

(La forêt)

Traduit du bengali par Jyoti Garin

Satyacharan, un jeune homme de Calcutta, est embauché comme gestionnaire par un riche propriétaire terrien d’une région reculée du Bihar voisin. Alors qu’il tombe amoureux de la forêt sur laquelle s’étendent les terres, il comprend que son travail doit progressivement l’amener à détruire cet environnement magique est imprévisible , et à en chasser ses habitants, personnages hauts en couleurs et profondément attachants qui s’étaient installés là en quête d’un nouveau mode d’existence. Le combat de Satyacharan commence…

Célèbre pour son roman Le monde d’Apu, adapté au cinéma par Satyajit Ray, lauréat de nombreux prix nationaux et internationaux, Bibhutibhushan Bandopadhyay est l’un des plus éminents représentants de la littérature indienne moderne. Son inimitable prose n’a eu de cesse de décrire le Bengale rural dans toute sa beauté, mais aussi dans sa dureté, sa pauvreté, ses rêves et ses espoirs : une oeuvre dont Aranyak constitue sans conteste l’apothéose.

  • Domaine Littérature bengali
  • ISBN ISBN : 979-10-96596-09-6
  • Dimensions du livre 13 x 20.5 cm
  • Nombre de pages 335 pages
  • Prix 21.00 
  • Date de parution 09/06/20
Auteur

Bibhutibhushan Bandopadhyay

Célèbre pour son roman Pather Panchali (Le monde d’Apu), adapté au cinéma par Satyajit Ray, et lauréat de nombreux prix nationaux et internationaux, Bibhutibhushan Bandopadhyay est l’un des plus éminents (...)
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Dans la presse

Le Courrier
Marc-Olivier Parlatano
18 juin 2020

Éloge de la forêt
Précurseur, l’écrivain indien Bibhutibushan Bandopadhyay nous parlait de déforestation il y a plus de 70 ans. La Forêt est un hymne à la nature et un appel à la tolérance.

Dans le Bengale indien, l’écrivain  a acquis la stature d’un classique. Les Editions Banyan publient Aranyak (La Forêt) en traduction française, de longues années après la première sortie en anglais en 1976. Bien que Bandopadhyay soit mort en 1950, son roman reste – malheureusement – actuel puisqu’il a pour thème la déforestation.

Dans Aranyak, le narrateur, Satyacharan, tombe sous le charme d’une vaste étendue boisée. Citadin, grandi à Calcutta, l’homme qui au début craignait de ne pas supporter l’éloignement de la mégapole se découvre une passion pour les hectares de jungle dont il doit assurer la gestion. Satyacharan ne comprend que bien plus tard que ses fonctions l’ont conduit à privatiser le secteur, accélérant la venue de paysans désireux de défricher et de dédier à l’agriculture les terres ainsi conquises sur la forêt.

L’intrigue est simple, la jungle est au cœur de tout. Satyacharan s’entend avec un mystique, Jugalprasad, et à eux deux ils sèment des plantes rares, rêvent de voir la forêt se perpétuer indéfiniment. Mais la pression économique se révèle trop forte. Aranyak raconte l’empathie de Satyacharan pour les autochtones qu’il aborde et dont il remarque la vie difficile. Le roman relate également l’ouverture d’un Bengalais à une culture voisine de la sienne. L’hymne à la nature s’enrichit d’un appel à la tolérance. Au fur et à mesure du déboisement croît chez le protagoniste un sentiment de culpabilité. L’homme espère être pardonné, du moment qu’il a admis son échec.

 

Sur le net

Kimamori
Yassi Naceri
21 janvier 2021

La paix de la forêt

En fin d’année 2020 je n’avais pas la tête à lire ! Aussi grande lectrice que je sois, j’avais un mal terrible à me fondre dans les romans accumulés sur ma table de chevet. C’est alors que j’ai ouvert ce livre, traduit du bengali et publié par une maison d’édition exquise que je découvrais : les éditions Banyan. Ah! quel paix de l’âme que se fondre dans ce texte. Je l’ai savouré, en le gardant à mes côtés aussi longtemps que possible. Je l’ai lu lentement, des semaines durant. Et j’ai tout comme vécu en compagnie de ce jeune narrateur citadin qui part dans les forêts de l’Inde, situées au pied de l’Himalaya, et qui découvre un monde énigmatique, riche et modeste à la fois. Il apprendra à écouter, regarder, accueillir en lui la geste de la nature et le détachement des personnages coutumiers de la frugalité. Voyage vers le détachement, le récit nous apprend que cela va de pair avec l’attachement aux hommes qui ne sont pas encore dénaturés.

Le roman s’ouvre sur la vie insouciante d’un jeune diplômé résident de Calcutta et originaire du Bengale. Il cherche du travail, a du mal à boucler ses fins de mois. Il est cinéphile, érudit, raffiné. Au comble du désespoir il croise un ami qu’il a connu étudiant. Le garçon est issu d’une famille de zamindars (propriétaires terriens) aisé et l’enjoint à accepter de travailler pour eux. Notre jeune Styacharan s’embarque alors pour la région reculée du Bihar. Il se surprend à aimer, très vite, cette nouvelle vie à mille lieues de ses habitudes urbaines. Il sera gagné par le charme des hommes et des femmes qui mènent une existence simple et humble là-bas. Et progressivement il vivra l’exaltation secrète des promenades en forêt, de jour, de nuit. Mais bien-sûr, il réalisera aussi que sa fonction exige de lui, précisément, qu’il participe à détruire cet environnement jusqu’alors préservé de toute intervention humaine.

Le récit cadre est vite résumé. Mais la beauté du livre réside dans la multitude d’histoires qui l’habitent. Chaque personnage rencontré est à lui seul un monde de magie et de surprises. Chaque instant passé dans la forêt sauvage invite esprits et croyances légendaires à battre dans le cœur du narrateur, et par là-même, du lecteur. La nature elle-même se donne à lire à chaque page. Toutes ces plantes, ces fleurs et ces arbres que nous ne connaissons pas nous fascineront. Tout est nommé dans la langue d’origine, et un glossaire en fin de roman nous aide à percer quelques mystères. Mais en réalité les mots sont en soi un voyage, par leur musicalité, par leur mystère. Étrangement la joie de vivre est partout présente, alors que les hommes et les femmes qui peuplent le récit n’ont pour ainsi dire rien qui leur permette de subvenir à leur existence. Pensez-vous qu’ils mangent du riz ? Mais non, le riz est un luxe qu’ils ne peuvent se permettre. Éleveur de buffle, danseur sur la place publique, brahmane enseignant, rajpoute ou roi d’une civilisation déchue, tous savent se satisfaire, au quotidien, des fruits maigres de leur quotidien. Le narrateur s’en ébahit. Et nous, habitants de cet occident gâté de surconsommation, comment réagissons-nous en les regardant vivre heureux de si peu ?…

Je vous disais au début de cet article que j’avais été dépaysée par ce livre, le seul que mon esprit fatigué a accepté d’ingurgiter, au moment où il m’est arrivé miraculeusement entre les mains. Car la manière d’écrire, ici, est bien loin de tout ce que nous connaissons. Le monde des lettres actuel nous offre une certaine forme de récit. Un mode de description qu’un auteur occidental ne s’autoriserait pas aujourd’hui est adopté dans ce roman, pour notre plus grand bonheur. Ralentissons, observons, racontons notre vie autrement. Et pour ce faire, lisons peut-être autrement. C’est cela que j’ai pu faire avec ce livre foisonnant mais patient, riche mais bien simple d’abord. L’érudition est là. L’Histoire et la légende sont là. La sociologie, la politique, la religion, les tendances de notre monde. Tout est là. Invisible pour celui qui ne sait y regarder de près ! Je lisais le livre avec un regard enfantin. Puis une longue journée durant je méditais ce que je venais de lire. Je cherchais à mieux percer toutes les informations qui y étaient instillées. Depuis plusieurs décennies je m’intéresse à l’Inde et à la pensée Indienne. Alors je parvenais à lire au-delà des mots. Tout en sachant que certaines de mes amies qui connaissent ce pays de l’intérieur liraient mille fois plus loin que moi.
Oui. Le texte est d’une grande force en cela. Chaque lecteur s’y trouvera bien et en recevra un souffle apaisant et bienfaiteur. Certains récolteront des connaissances plus pointues que d’autre, sur cette culture de l’Inde multiple et si ancienne que nous n’aurons jamais fini d’explorer.

Notons que Bibhutibushan Bandopadhyay est un grand nom de la littérature indienne contemporaine. Il est par ailleurs l’auteur du roman Le monde d’Apu qui a été adapté au cinéma, et remporté bien des prix nationaux et internationaux.

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