
Deepankar Khiwani Entr’acte
Traduit de l’anglais (Inde) par Nina Cabanau
NOUVEAUTÉ
Édition bilingue
Un éloge d’Entr’acte
La note dominante d’Entr’acte de Deepankar Khiwani est certes la nostalgie, mais Khiwani n’est pas un simple nostalgique. Il demeure maître de lui, autocritique même, alors qu’il revisite des objets chargés de souvenirs, des scènes de son adolescence, des moments teintés par le sentiment de la perte ou de la découverte, qui se détachent du flux de la routine et de ses voyages, des arrivées et des départs. Conscient du risque de sentimentalisme, Khiwani ne l’évite pas toujours. Dans certains poèmes, il semble même l’accueillir comme un antidote à la pression croissante des événements. Sa poésie est rythmée, spirituelle et équilibrée ; son ironie agit comme une protection contre la douleur, et n’est en rien une agressivité corrosive en réaction aux complexités de l’expérience émotionnelle.
Le monde s’effondre lentement autour de Khiwani. Tout est considérablement ralenti dans sa perception, comme pour compenser la vitesse du contemporain et cela se traduit en une phénoménologie de moments scrutés. Un poète tombe, ivre, d’une chaise sur une pelouse ; un miroir se fissure, laissant l’homme qui s’y rase désemparé devant la multiplicité de ses visages, de ses moi. Le familier est autrement dit soumis à un interrogatoire dont la discrétion ne le rend pas moins dramatique : Khiwani utilise des angles obliques et des perspectives subtilement modifiées pour nous donner à voir les aspects dérangeants et tabous de la vie sous les apparences aseptisées de la normalité.
Certains poèmes sont empreints du caractère poignant des souvenirs d’enfance ; dans d’autres, le poète détaille comme un géographe la sensation d’absence, fugitive ou cérémonial de passage, qui lui échappe. Khiwani résume une vie vécue en plusieurs phases – à travers des changements d’orientation et de direction, au moyen d’une grammaire de lumière changeante et de fenêtres aux formes variées, de membres observés dans leur douceur et d’objets décrits dans leur fragilité. L’auteur observe les objets de ses poèmes avec une attention méticuleuse qui deviendrait presque une forme de dévotion aux choses transitoires, éphémères et fugaces, qui nous rendent pourtant pleinement conscients du moment présent, lorsque nous les arrachons au règne inexorable du temps et que nous les transposons dans le royaume de l’image finement travaillée.
RANJIT HOSKOTE
Maintenant que ce silence détruit ne se brise plus,
Je cherche la célébration dans ces cieux éclatés !
Mais comme cette lumière saigne à travers l’obscurité qu’elle a déchirée,
Je regarde, et souhaiterais être capable de fermer les yeux.
- ISBN 979-10-96596-45-4
- Dimensions du livre 15.2 x 19.8 cm
- Nombre de pages 130 pages
- Prix 19,00 €
- Date de parution 21/03/25
Ils en parlent
Recours au Poème
Chronique de Bernard Turle
(Traducteur littéraire)
9 mai 2025
Prologue
Miroir à deux faces brisées
Acte I
Originaire de Delhi, Deepankar Khiwani l’était parce que ses parents y avaient trouvé refuge lors de la traumatique Partition de l’Inde et du Pakistan. Orpheline, sa mère rencontra son père dans un train. Un nouveau déplacement emmena plus tard la famille dans une lointaine banlieue de Bombay.
Ces faits biographiques sous-tendent l’œuvre de Deepankar, qui rêvait de devenir écrivain mais mena avant tout une brillante carrière au sein d’un géant de l’informatique français, d’abord pour soutenir sa famille puis poussé par une crainte insoutenable de l’insécurité financière, hantise commune à des bataillons de jeunes Indiens qui déferlent sur le marché du travail dans le sous-continent mondialisé.
Entr’acte fut son premier recueil de poèmes publié en Inde et sa sortie ici chez Banyan en édition bilingue est une initiative louable. C’est un « récit secret de perte », habité par une «nostalgie océanique du présent», nous confie Jeet Thayil*, qui a inclus l’auteur dans son anthologie The Penguin Book of Indian Poets.
Khiwani était un poète sinon honteux, du moins caché. On ne peut parler de lui sans évoquer son éminente carrière chez Capgemini, dont il finit par être nommé PDG. Chez lui, « la facilité déconcertante (…) à manier la rime, la cadence » et la forme strophique paraît être une extension plus que l’envers de son savoir-faire « professionnel ».
Dans sa poésie il privilégie la forme, et en évince le personnel.
II
‘I love you’ – thirteen times ! What sort
of bloody poem is that ? Anyone can
express a silly uncerebral thought :
The poet’s more than just a passionate man !
‘What do you mean – that’s what you ‘wished to tell’ –
It means quite nothing, and what’s more, won’t sell’.
II
« Je t’aime » treize fois ! Quelle sorte,
quelle espèce de poème est-ce là ? Tout le monde peut
exprimer une pensée stupide et irréfléchie :
Le poète est plus qu’un homme passionné !
« Que veux-tu dire – c’est ce que tu voulais dire ? –
Ca ne veut rien dire et, en plus, ça ne se vendra pas. »
Sans doute Khiwani suivait-il là, avec son humour sec et distancié, le maître Dom Moraes, que la maladie mentale de sa mère avait conduit à proscrire « l’étalage » de l’intime dans ses écrits. Un poème doit, avant tout, être « construit », plus ajusté est le masque, plus sa force de conviction sera grande. On pense à Philip Larkin, c’est-à-dire : à un mélange postmoderne de langue familière, de maîtrise absolue de la métrique et de sentiment d’absence à soi.
Sans que le refus de l’émotion exclue, d’ailleurs, des plongées dans une certaine violence bergmanienne.
So come on now, and take that scalpel up –
and cut it out ! that anguished look, my friend…
You never can kill her until you do.
Alors vas‑y maintenant, prends ce scalpel –
et coupe ! ce regard angoissé, mon ami…
Tu ne pourras jamais la tuer si tu n’agis pas.
One day he wakes to find his mirror cracked ;
And through the window there in its dark frame,
He finds the selves that stare as if they lacked
The will to find his face and theirs the same.
Un jour, il se réveille, trouve son miroir brisé ;
Et, à travers la fenêtre, dans son cadre sombre,
Voit les « moi » qui le regardent fixement comme s’il leur manquait
La volonté de voir que son visage et le leur se confondent…
Les miroirs, réfractaires plus que réfléchissants, et volontiers brisés pour mieux renvoyer l’image d’une personnalité morcelée, les vitres, les fenêtres, les cadres sont des topoï récurrents d’Entr’acte.
Ce que voyait le miroir de Khiwani était, à l’époque de son premier recueil, du moins, quasi dépourvu de couleur locale. En cela, il appartenait résolument à la génération d’écrivains du sous-continent et autres postcoloniaux qui refusaient toute étiquette ethnique. De par son métier de consultant et de par l’itinérance intercontinentale qui en découlait, il ne pouvait que refuser d’être catalogué comme poète « indien ».
[Plus tard, dans des séries ultérieures — telle Bombay Sequence -, face à la mutation de Bombay en Mumbai, face aux renversements de l’indianité nouvelle dans la néo-Inde Modienne, il sera davantage enclin à définir son indianité perdue.]
Mais, pour l’heure, dans Ent’racte, sa poésie se loge toute entière dans l’entre-deux : d’où l’« entracte » du titre, non, plutôt… entr’acte avec une apostrophe – Khiwani, qui avait vécu quelques années en France, tint à Entr’acte comme titre de la version originale du recueil, parue en 2006 chez Harbour Line (Mumbai), maison d’édition confidentielle d’un collectif de poètes, dont il faisait partie.
Sa poésie est une poésie de l’apostrophe, de l’élision.
Entr’acte
I write on a clean paper napkin,
carefully folding it first.
Lifting my eyes I see you
look at me tenderly.
Poets are good actors.
Good actors, as they say, forget
that they are elses to the parts they play.
So I play out this frowning poet role,
And you
Look at me tenderly.
And till the rain is gone we stay,
Trapped in this smoke-filled bar :
A drunkard lifts his glass to us,
Or what he thinks we are.
Entr’acte
J’écris sur une serviette en papier propre
que j’ai pliée avec soin.
Levant les yeux, je te vois
me regarder avec tendresse.
Les poètes sont bons acteurs.
Les bons acteurs, dit-on, oublient
qu’ils sont autres que les rôles qu’ils jouent.
Et moi je joue le rôle du poète renfrogné,
et toi tu
me regardes tendrement.
Et nous restons jusqu’à ce que la pluie cesse,
Piégés dans ce bar enfumé :
un ivrogne lève son verre à nous deux,
ou à ce qu’il pense que nous sommes.
Anand Thakore, fondateur de Harbour Line et compagnon de route de Deepankar, indique que, dans les écrits de ce dernier, l’essentiel est pris en sandwich « ‘entre les actes’ : tentative d’opposer l’illusion théâtrale, pour ainsi dire, aux réalités de la vie. » La poésie de Khiwani : ses thèmes (« l’art, le sexe, les relations, le mariage, le vide perpétuel à l’intérieur ») glissent insensiblement vers l’« autodissolution ».
Khiwani croyait sincèrement au précepte du « chaque poème pour lui-même » et, en même temps, imposa à la composition de son recueil Entr’acte le genre de structure qu’on trouve plus fréquemment au théâtre et dans le roman que dans la poésie : Sept scènes/chapitres. Sept vers apparaissant dans le Prologue. Qui réapparaîtront en têtes de chapitre. Puis enfin dans les poèmes eux-mêmes.
Il y a dans ses vers une mathématique qu’on ne peut que rapprocher de la maîtrise qu’il atteignit dans son « autre » profession, l’officielle, la managementale. Une musique de fond rythmée comme la soufflerie d’un climatiseur, iambique, décasyllabique, pentamérique, scandée de syllabes, de consonnances, d’assonances, d’accentuations mesurées, sans oublier le jeu des influences qui nourrissent la langue anglaise : saxonnes, rudes, sèches, et latines, plus rondes, plus abstraites.
Avec, toutefois… avec le surgissement, tout à coup, mêlé aux souvenirs des Victoriens et des Élisabéthains inculqués par sa mère, des dialogues des films en hindi de l’après-guerre — quand le vocabulaire bollywoodien, héritier de l’ourdou (la langue la plus poétique de l’éventail linguistique du sous-continent, proscrite par la République indienne après la Partition, reléguée au Pakistan…), quand le cinéma bollywoodien, donc, encore en noir et blanc, était le fait de dialoguistes, de réalisateurs et d’acteurs discrètement musulmans qui ravissaient ouvertement le public hindou.
On en revient à la déchirure de la Partition vécue par les parents de Khiwani. La destination — haut-lieu de pèlerinage — du Train de nuit pour Haridwar, ne sera pas atteinte dans le poème : le convoi est arrêté au milieu de nulle part : halte prétexte à la méditation…
I should have been a poet, adrift at sea
Asking the questions that could nowhere lead
except to more uncertain ways to be.
J’aurais dû être poète, à la dérive en mer,
Posant des questions qui ne peuvent mener nulle part
qu’à des manières plus incertaines d’être.
∗∗∗
In the air-conditioned quiet compartment, lit
by dim white light, I stretch, then try to see
what is outside the window, but find it
impossible to look outside of me :
there in two panes reflected, clearly seen,
two panes of glass, with a vacuum caught between.
Dans ce compartiment calme, climatisé, éclairé
par une pâle lueur blanche, je m’étire, puis essaie de voir
ce qui se trouve à l’extérieur de la fenêtre — alors qu’il m’est
impossible de regarder à l’extérieur de moi :
là, sur deux vitres réfléchies, je vois clairement
deux vitres, et un vide entre les deux.
Acte II
Importance cruciale, au bout du compte, des lieux d’ancrage ou plutôt d’un impossible ancrage, autre version du bocal vide des fenêtres à double vitrage du train de Haridwar. Le succinct Acte II du recueil est dévolu aux Séquences de Shiroshi, à la tentative vaine d’immobiliser une errance, à la quête d’un terrain à acheter, où enfouir une perte, les cendres de sa mère et sa terre natale perdue. Khiwani achève son recueil comme il l’a commencé. Il l’a commencé avec les Séquences du Salon de la mer, référence à un restaurant huppé de la Porte de l’Inde à Bombay où, ayant invité un ami poète à célébrer son premier salaire, le débutant croise le grand Dom Moraes, qui, reconnaissant le poète en lui, l’encouragera dans la voie de l’écriture.
Equipoise on an August Evening
Felicitous, this Bombay beachside dusk.
Its ashen blue may well be of an early morning
As credibly as of an evening ; no more than that, contained
In a window pane of that harsh and gentle colour
Yet the only colour in this unlit room.
Concordantly, the bedroom door’s ajar.
This door. Unable to step out from a life
Of opening and shutting. The woman outside
With a half-drunk cup of tea is my succubus
And muse. And neither of them too.
Appropriate, isn’t it ? The melancholy joke ;
This sound of a teaspoon stirring, and then gone
The flitting understanding, the stark
Incomprehension staring back ;
Is equipoise a growing ? or decay ?
How fittingly awkward, the answer : that those are
No different. Its muted echoes explore a room
Half-full with shapes of my ambivalence,
That quite lack any empathy themselves…
(Judicious, the damnation in their eyes.)
Équilibre d’un soir d’août
Pertinent, ce crépuscule sur la plage de Bombay.
Son bleu cendré pourrait bien être celui d’un petit matin.
Autant que d’un soir ; pas plus que cela, contenue
Dans une vitre, cette teinte dure et douce,
La seule encore de cette pièce non éclairée.
En même temps, la porte de la chambre est entrouverte.
Cette porte. Incapable de sortir d’une vie
Faite d’ouvertures et de fermetures. La femme dehors,
Avec sa tasse de thé à moitié bue, est ma succube
Et ma muse. Et ni l’une ni l’autre.
Approprié, n’est-ce pas ? Cette blague mélancolique ;
Ce son d’une cuillère à café qui remue, puis cesse.
La compréhension fugace, la pure
Incompréhension qui y répond ;
L’équilibre est-il un progrès ? ou une décadence ?
Comme la réponse semble étrangement inappropriée… : ils sont
Équivalents. Ses échos sourds explorent une pièce
Mi-pleine des formes de mon ambivalence,
Qui elles-mêmes manquent d’empathie…
(Judicieuse, la damnation dans leurs yeux.)
***
On doit à Jeet Thayil d’indispensables anthologies de poésie indienne anglophone et, entre autres romans, Mélanine, qui nous plonge dans le cercle des poètes de Bombay qu’a côtoyé Deepankar Khiwani. Mélanine, trad. Bernard Turle, Paris, Buchet-Chastel, 2020.
Présentation de l’auteur
Khiwani Deepankar (1971 — 2020) est né à New Delhi mais a vécu de nombreuses années à Paris avant de retourner en Inde. Son premier recueil de poèmes, Entr’acte, a été publié en 2006 par Harbour Line. Ses poèmes ont également été publiés dans de nombreuses anthologies, dont The Bloodaxe Book of Contemporary Indian Poets.
*
Bernard Turle
Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, traducteur boulimique, BERNARD TURLE, Prix Baudelaire, Prix Coindreau, traduit des auteurs anglophones des cinq continents, entre autres Peter Ackroyd, Martin Amis (Prix du Meilleur Livre étranger 2015 avec La Zone d’intérêt), André Brink, Alan Hollinghurst (Prix du Meilleur Livre étranger 2013 avec L’Enfant de l’étranger), T.C. Boyle et des romanciers indiens tels que Jeet Thayil, Manu Joseph, Sudhir Kakar ou Rana Dasgupta (Prix Guimet du Meilleur Livre asiatique 2017 avec Delhi Capitale). Directeur de festival (1997–2011), il a monté des œuvres comme The Beggar’s Operade John Gay dans sa propre adaptation et travaillé avec des musiciens britanniques et indiens. Pour le vingtième anniversaire du festival défunt, il a organisé une rencontre internationale de poésie en 2017. Avec, entre autres, sa complice de scène, la compositrice Véronique Souberbielle, il s’est fait librettiste et parolier (ils ont produit ensemble le cd Veronika Vox, 2016). De sa longue pratique de la traduction est sorti un fascicule bilingue sur l’intimité du traducteur, Diplomat, Actor, Translator, Spy (traduit par Dan Gunn, Cahier Series, Sylph Editions/Université Américaine de Paris, 2013). D’autres livres publiés sous son nom (Une heure avant l’attentat, Autopsie d’une inquiétude) lui ont donné l’occasion de réunir ses existences parallèles en écrivant, entre autres, sur l’Inde et sa Provence natale. Après avoir co-traduit le Cantique des Lionnes de Karthika Nair et traduit Torture blanche de Narges Mohammadi [voir ci-contre], Il prépare pour cet été LE FESTIVAL COFFRET D’AUZON, consacré au célèbre artefact du British Museum, dont il étudie les rapports avec la poésie anglo-saxonne, notamment Beowulf.
https://www.recoursaupoeme.fr/deepankar-khiwani-1971…/
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Strophe.fr
Le magazine de toutes les poésies
Chronique de Véronique Rivière
Publié en 2006 par Harbour Line à Mumbai et récemment réédité en édition bilingue par les Éditions Banyan, Entr’acte est le premier recueil de poèmes de Deepankar Khiwani (1971–2020). Cette œuvre singulière explore les thèmes de l’identité, de l’exil et de la quête de soi, reflétant la complexité d’un homme partagé entre une brillante carrière dans le secteur technologique et une passion discrète pour la poésie.
Une poésie née du silence
Deepankar Khiwani n’était pas un poète professionnel. Il menait une carrière brillante dans le secteur technologique entre l’Inde et la France, mais écrivait dans l’ombre. Comme le souligne Bernard Turle dans Recours au Poème, c’était un poète « sinon honteux, du moins caché », dont l’écriture relevait d’un besoin intérieur profond. Cette tension entre la vie sociale efficace et l’obsession du langage confère à Entr’acte une gravité et une retenue rares.
La note dominante de ce recueil est indéniablement la nostalgie, mais une nostalgie qui ne verse jamais dans la complaisance. Khiwani revisite ses souvenirs – adolescence, objets familiers, scènes d’enfance – avec lucidité et parfois autocritique. Il sait accueillir le sentimentalisme comme une réponse fragile à la pression du monde, mais il le contrebalance d’ironie et de rigueur formelle. Son écriture est spirituelle, équilibrée, et son ironie douce agit comme un filtre protecteur face à la douleur.
Entre observation et dédoublement
Khiwani se montre particulièrement attentif aux détails du quotidien. À travers une « phénoménologie de moments scrutés », il ralentit volontairement le rythme pour mieux cerner l’émotion. Le familier est interrogé dans ses angles morts : un poète ivre tombe d’une chaise, un miroir se fissure, un visage se démultiplie. Cette poésie du détail devient presque une liturgie des choses transitoires. Elle élève l’instant au rang d’image : la fenêtre, le vase, le corps vu dans sa fragilité – tout devient porteur de signification.
Ranjit Hoskote parle d’une poésie « rythmée, spirituelle », dont l’architecture méticuleuse ne masque jamais l’émotion, mais l’exprime autrement. De son côté, Anand Thakore évoque un univers où « les miroirs, les aéroports, les vases, les amis, les amants et les collègues poètes » deviennent les pièces fragmentées d’un paysage hanté par l’exil intérieur.
Le refus de l’esbroufe
Il faut insister sur la dimension formelle de Entr’acte. Chez Khiwani, il n’y a pas de démonstration virtuose ou de lyrisme flamboyant. Tout est maîtrisé, tendu, souvent classique dans la structure – mais toujours surprenant dans la pensée. La poésie devient alors l’exploration d’une zone frontière : entre soi et l’autre, entre réalité et artifice, entre perte et désir. Arundhathi Subramaniam le dit parfaitement : Khiwani sonde « la vie à moitié écrite et mal orthographiée », pour en extraire des instantanés d’une lucidité tranchante.
C’est cette « nostalgie océanique du présent », selon Jeet Thayil, qui donne à ses poèmes une couleur si particulière : un chant discret mais profond, traversé de récits intimes et de deuils invisibles. Et surtout, ces poèmes « passent le premier test d’une bonne poésie », nous rappelle un critique indien : ils donnent envie d’être relus, encore et encore.
Les éditions Banyan : un pont entre l’Inde et la France
Créées en 2015 par David Aimé, les éditions Banyan constituent la seule maison en France exclusivement dédiée aux littératures de l’Inde. Elles s’efforcent de publier en français des œuvres inédites ou peu connues du sous-continent indien, couvrant un vaste panorama : romans, essais, poésie, théâtre, science-fiction et littérature jeunesse. Leur mission est de faire découvrir la richesse et la diversité des littératures indiennes, en traduisant des textes issus de différentes langues et régions de l’Inde, souvent méconnus du public francophone. En proposant des éditions bilingues, notamment pour la poésie, les éditions Banyan permettent aux lecteurs de goûter à la musicalité et à la profondeur des textes originaux, tout en offrant une traduction fidèle et accessible. Cette démarche contribue à créer un pont culturel entre l’Inde et la France, en mettant en lumière des voix littéraires singulières et puissantes.
https://strophe.fr/2025/05/16/entracte/
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Revue Poésie Première
Rémi Madar
Professeur de littérature et romancier
Le recueil Entr’acte de Deepankar Khiwani explore l’intériorité troublée du poète indien. Ce dernier met en scène son « ambivalence », « oscillant entre deux principes, comme toujours ». S’il s’interroge sur lui-même, il s’égare parce qu’il constate qu’il est « sans gouvernail » ; cette quête de sens confine le plus souvent à une impasse dans la mesure où le poète se pose « des questions qui ne peuvent mener nulle part/sauf à des manières plus incertaines d’être ». Que reste-t-il alors si ce n’est l’écriture pour s’extraire de cette crise existentielle ? Mais Deepankar Khiwani avoue en clôture de son recueil qu’il privilégie « les poèmes inachevés » (…) « avec un prélude non écrit et des titres manquants ». Cette ode à une littérature erratique qui prend sa source dans une pensée vacillante surprend ; elle émeut parce que le poète nous communique ses failles sans filtre, évitant l’écueil de l’ornementation littéraire derrière laquelle on peut se cacher pour séduire ; elle confère de plus aux écrivains et aux lecteurs une forme d’enseignement : une écriture digne et sincère accepte les blancs, les creux, les parcours sinueux et l’inachèvement. Au fond, que penser d’un ouvrage qui tend à vouloir tout dire ? Quelle place alors le lecteur occupe-t-il si l’œuvre qu’il découvre se révèle comme un mur lisse, compact et sans fissure ?
***
Cette lecture a été un véritable enchantement ; un envoûtement ; on demeure suspendu à l’intensité, à la transcendance des termes, en même temps que l’on parvient à s’envoler au-delà de leur sens formel ; un sens que l’auteur ne sacrifie pas pour autant ; le sens, la mélodie, et la vibration demeurent indéfectiblement liés, imbriqués, parvenant ainsi à nous élever vers des zones latentes mais souvent inaperçues.
Simone Bernard-Dupré
Auteur et avocate
Dans la presse
La Cause Littéraire
Entr’acte
par Patrick Abraham
13 juin 2025
« J’ai mis du temps à comprendre que cette douleur était la mienne » : sur Entr’acte de Deepankar Khiwani
Entr’acte (titre original) est le seul recueil publié de son vivant, en 2006, par le poète indien anglophone Deepankar Khiwani, né en 1971 à Delhi et mort prématurément en 2020. Les éditions Banyan nous en proposent une traduction française par Nina Cabanau, agréable et suggestive. Une riche introduction par Anand Thakore, ami de l’auteur et poète lui aussi, permet de situer Khiwani sur un plan biographique et littéraire.
Le mot « recueil », dans son acception courante, ne convient pas tout à fait à ce livre (à ce beau livre au sens mallarméen du mot) : en effet, si les poèmes choisis couvrent une dizaine d’années (1995-2005), l’ouvrage, concerté, est construit avec rigueur avec un « Premier acte » ouvert par un « Prologue » et comportant sept sections, chacune étant introduite par un vers tiré de ce « Prologue » (p. 2-109), et un « Deuxième acte » beaucoup plus court constitué d’un unique poème en quatre séquences (« Une étape à Shiroshi ») et aboutissant à un « Épilogue » (p. 110-123).
Des thèmes se croisent et se recroisent au fil des pages. Pour des raisons liées à son histoire familiale et personnelle (ses grands-parents paternels, installés dans le Sind, au Pakistan actuel, ont dû s’exiler dans le nord de l’Inde après la Partition), à la lutte avec l’ange que semble avoir été pour lui la vocation poétique, à la fois ancrée depuis l’adolescence et longtemps tenue à distance, au choix de l’anglais, langue de l’ancien colonisateur, comme langue d’écriture, la poésie de Khiwani se place sous le signe de l’intranquillité – mais avec une remarquable économie de moyens et sans jamais céder aux tentations du pathos.
L’introduction d’Anand Thakore, camarade d’études de Khiwani dans la prestigieuse Cathedral and John Connon School de Bombay, nous livre de précieuses informations sur la formation de l’écrivain. Sa mère, « connaisseuse de la littérature et de la poésie en particulier » (p. IV), l’a initié aux grands Victoriens, à Tennyson et Browning notamment. Shakespeare et les romantiques puis, plus tard, Thomas Hardy, T.S. Eliot, Robert Frost, Philip Larkin et surtout Hart Crane l’ont abreuvé. Puisque cette édition est bilingue, les spécialistes de la poésie anglophone (tel n’est pas mon cas…) admireront, comme le souligne Anand Thakore, l’extrême maîtrise par Khiwani du rythme, de la scansion et de la rime et la manière dont, loin d’en être resté l’esclave, il a su s’approprier ses diverses influences.
Les amateurs d’exotisme bon marché seront déçus : comme Arun Kolatkar avec Kala Ghoda et Jejuri, Deepankar Khiwani fuit la facilité. On l’observe dans « Un poète déchu » (p. 8-9) où la seule couleur locale se rapporte au « ciel maussade et vieillissant de Bombay ». Ce n’est pas à un lecteur occidental en mal de pittoresque que s’adressent ces poèmes, ni au grand public indien tant la poésie, comme en France, y est aujourd’hui une entreprise souterraine (Entr’acte a été publié par Harbour Line, collectif d’édition fondé par Anand Thakore, à l’audience plutôt confidentielle), mais, comme pour tout poète authentique, à un lecteur idéal, bienveillant, membre discret mais exigeant d’un club de happy few.
Inappartenance, dépossession, étrangèreté. Dans les trois poèmes de « Séquence du salon de mer » (p. 14-19), le regard du locuteur, assis avec un ami à une table du Sea Lounge de l’hôtel Taj à Bombay, face à la mer d’Arabie et à la Gateway of India, s’arrête sur des bateaux « immobiles et vides, à la dérive et pourtant amarrés / à la baie peu profonde par des cordes invisibles » (Poème 1). Cette contemplation le conduit à présumer que lui et son ami sont aussi « liés à cette baie » par « des cordes invisibles », dans un attachement mêlant « profondeur » et « superficialité », puis à augurer, dans le Poème 3, que le « navire tranquille, dans un bassin sans remous (…) / se désagrègera un jour » et que « son souvenir clément se perdra / dans le brouillard des images auxquelles on a donné des mots ».
Comme pour Álvaro de Campos surplombant de sa fenêtre le « bureau de tabac » d’Esteves, le vague à l’âme chez Khiwani n’est pas simplement rétroactif, mais prédictif : car tout disparaîtra – et d’abord l’éphémère mémoire humaine de ce tout.
Dans « Train de nuit pour Haridwar » (p. 68-69), un trajet nocturne à travers l’Inde endormie pousse le poète à méditer sur notre enfermement en nous-mêmes : « j’essaie de voir / ce qui se trouve à l’extérieur de la fenêtre, mais il m’est / impossible de regarder à l’extérieur de moi : / là, sur deux vitres réfléchies, je vois clairement, / deux vitres, avec un vide entre les deux ».
Les pièces « sentimentales » du recueil (« Réflexions sur ceux qui s’endorment à nos côtés », p. 38-39, « Un épisode du mois de juin », p. 74-75, « Le vampire dissimulé », p. 88-89, par exemple) confirment ce sentiment d’inaccessibilité : « Tu es si proche et pourtant je ne te vois pas. / Je renverse la lampe, qui n’émet pas de lumière ». Notons que la traduction française efface souvent, par nécessité, le genre indécidable de nombreux vers de Khiwani : « Not too bright yourself, are you, poor dear… »
Dans le poème ultime avant l’« Épilogue », « Une étape à Shiroshi » (p. 112-121), Khiwani évoque une visite dans ce village du Mahārāshtra aux environs duquel où il a l’intention d’acquérir un terrain (ses cendres y ont été enterrées, nous apprend Anand Thakore). Sur la route du retour, il fait une expérience significative : il aperçoit « au loin, des sacs en plastique blancs sur de courts piquets (…) / qui ressemblent à des aigrettes » avant de constater, avec une « colère irrationnelle », qu’il s’agit d’« aigrettes [qui] flottent comme des sacs en plastique blancs ». Les rebuts industriels n’échappent pas à leur désolante trivialité dans notre époque dégradée puisque c’est à ces rebuts et à cette désolation mêmes que ne cessent de nous ramener les paysages artificialisés.
Pour Khiwani, et en cela sa « douleur » et sa modernité sont les nôtres, la parole du poète heitmatlos, dégrisé des complaisances lyriques et des vains jeux langagiers, a renoncé à toute illusion démiurgique et à toute prétention conclusive : « Parfois, j’ai l’impression d’aimer les poèmes inachevés, dit-il / en croisant les doigts (…) / Parfois, j’écris sachant que je ne peux – ne veux rien – terminer ; / c’est comme si je voulais vivre dans le cimetière de mon esprit » (« Épilogue », p. 123). Les extases matérielles décrites par Hofmannsthal dans sa fameuse Lettre de Lord Chandos lui sont désormais hors d’atteinte. Le « Prologue » du « Premier Acte » (p. 4-5) résume cette infortune : « Comme les autres, je me suis tourné vers l’écriture, mais damné par une seule vérité : / L’art détruit la certitude de la chose (…) / floute les miroirs, et nous rend ignorants. » Mais incertaine, obstinée, « ignorante », nulle autre parole, parmi le brouhaha des discours et des conversations informés, ne mérite mieux l’écoute.
Un deuxième tome rassemblant les poèmes que Deepankar Khiwani a composés au cours des derniers mois de sa vie paraîtra à l’automne, toujours aux éditions Banyan. On l’attend avec impatience.
Sur le net
C’est une poésie d’une grande maîtrise formelle, qui refuse de s’engager dans des démonstrations flamboyantes de virtuosité. Le poète revient sans cesse à l’exploration de la ligne de partage floue entre le soi et l’autre, la réalité et l’art, l’équilibre et la décadence, le deuil et le désir, la violence et l’amour, le souhait et la contrainte. Deepankar Khiwani sonde les zones d’ombre de l’entre-deux dans La vie à moitié écrite et mal orthographiée – ses ambiguïtés et ses trahisons, et nous propose des instantanés d’une lucidité fulgurante.
— ARUNDHATHI SUBRAMANIAM
Nous nous trouvons en présence de poèmes sublimés par un mélange rare et inattendu d’aisance familière et de formalisme astucieux, presque processionnel ; des poèmes enracinés dans un rythme qui leur est propre, mais hantés par le déracinement inexorable de l’existence, l’incorrigible altérité de soi. Les miroirs, les aéroports, les vases, les amis, les amants et les collègues poètes se rencontrent et s’assemblent dans le paysage richement fragmenté de ce livre, telles des entités irréconciliables, glanées et rassemblées, comme si elles le voulaient, et qu’elles partaient à la recherche d’un ordre supérieur de la parole.
— ANAND THAKORE
Le premier livre de Deepankar Khiwani surprend par sa maîtrise. Son ton est celui de la nostalgie océanique du présent. Les poèmes y atteignent une transparence formelle sur le plan de la langue et de l’intention de l’auteur, mais sont animés par des récits secrets de deuils.
— JEET THAYIL
Deepankar Khiwani respecte les règles qui distinguent la poésie de la prose. Il partage au lecteur des idées nouvelles et, surtout, ses vers passent le premier test d’une bonne poésie : on peut les lire encore et encore avec un plaisir accru.
— KHUSHWANT SINGH
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Francopolis – Été 2025
Dana Shishmanian
Nous apprenons sur le site de l’éditeur que Deepankar Khiwani est né à Delhi en 1971. Son père, originaire de Multan au Pendjab, a été contraint de fuir le Pakistan lors de la Partition de l’Inde britannique. Sa mère, fine connaisseuse de la littérature anglaise, lui a appris très tôt les règles de la scansion. Khiwani a été élevé principalement à Mumbai, où il a reçu une éducation précoce à la Cathedral School et a obtenu une licence en économie au St. Xavier’s College. Il a poursuivi par la suite une carrière de consultant en entreprise. En 2013, il s’est installé à Paris pour plusieurs années en tant que directeur général de quelques secteurs verticaux de Capgemini.
Pendant ses années d’études, Khiwani a été étroitement associé à plusieurs poètes de Mumbai, notamment Dom Moraes, Adil Jussawala et son ancien camarade de classe Anand Thakore. Entr’acte, son premier recueil de poèmes, et le seul à paraître de son vivant, a été publié par le collectif Harbour Line en 2006. Il a pris une retraite anticipée en 2019 et est décédé à 49 ans d’une maladie soudaine et virulente le 28 mars 2020.
Ce volume contient, en original et en traduction française, les poèmes de cet unique recueil, Entr’acte, rédigé comme une pièce de théâtre, avec un prologue – dont chaque vers est ensuite repris, devenant le titre d’un poème, au cours des deux « actes » – et épilogue. La consistante introduction – une véritable étude d’une quarantaine de pages, signée par le poète Anand Thakore, ancien ami de Deepankar depuis leurs années de collège – mentionne une œuvre considérable, pour la plupart tardive, écrite fébrilement dans ses tout derniers mois de vie, quand pressé par l’approche de la mort, le poète revient à lui, déversant d’un coup l’écriture qu’il avait refoulée pendant les décennies d’une vie et d’une carrière qu’il avait menées comme on porte un masque. Ne déclarait-il pas dans son « prologue », tel un personnage shakespearien contemplant son costume de scène : « Tu vois, le miroir se moque de moi, écoute-le se briser, / alors que tu contemples ton visage au-delà du miroir, en fixant le mur. » (p. 5).
« La dernière explosion d’énergie poétique de Deepankar est un mélange inimitable d’humour et de noirceur ; une tentative déterminée d’imprégner un sentiment d’échec et de douleur qui s’intensifie d’une légèreté de ton habilement soutenue ; une légèreté presque frivole qui éclate parfois en brèves crises de rire des plus amères, rapidement retenues. (…) »
« Il y a un certain héroïsme curieux inhérent à ceux d’entre nous qui continuent à jouer avec le langage à l’approche de la mort. Deepankar, en développant ses thèmes délibérément antihéroïques, ses célébrations de la défaite, émerge paradoxalement comme une célébration héroïque du mot écrit. » (Introduction, pp. XXX-XXXI). »
Son génie, fait d’ironie aussi ludique que tragique et nourri d’une fine connaissance des auteurs antiques grecs et des lettres anglaises, de Tennyson et Browning à Oscar Wilde et Hart Crane – il était, en témoigne Anand Thakore, capable de réciter par cœur des pièces entières de Shakespeare – attend donc encore de se faire connaître, par la publication complète de son œuvre.
En tout cas, ce volume mérite une lecture attentive qu’il convient de promettre pour une future occasion, de même que d’autres livres de poètes indiens contemporains – tels que Kunwar Narain, Arun Kolatkar, Jacinta Kerketta Angor, Andal Le Tiruppavai et Gulzar – publiés aux Éditions Banyan, spécialisées dans la littérature et la culture indiennes, qu’on découvre avec un immense intérêt. Alors, à la prochaine, pour de belles révélations !
© Dana Shishmanian
Voir la chronique, avec des extraits, que dédie à ce livre Bernard Turle, dans le numéro 232 (mai-juin) du Recours au poème, ainsi que celle de Patrick Abraham dans La cause littéraire (13 juin).
Pour faire connaissance avec la maison d’édition et son programme, voir l’interview donnée par le fondateur et directeur David Aimé à Raoto Andriamanambe, pour la Revue Indigo (version imprimée : n° 6, 2021, p. 304 et suivantes, reproduite sur le site de l’éditeur). En voilà un extrait significatif, notamment la réponse de David Aimé à la question : « Pourquoi les Éditions Banyan ont-elles choisi l’Inde ? »
« Parce que l’Inde, c’est d’abord l’universalité… N’étant pas satisfait de la production actuelle de la littérature indienne en France, je voulais lui rendre ce qu’elle m’a donné. Les Éditions Banyan, comme beaucoup d’autres, naviguent sur les eaux tempétueuses du monde, mais en restant proche de ces choses qui nous occupent, l’universel… Et qui mieux que l’Inde, dont la langue millénaire, le sanskrit, donna naissance à une quantité d’autres langues et de dialectes, nous offre aujourd’hui une si foisonnante littérature ? Toutes ces langues de l’Inde qui irriguent son génie littéraire, qui les portent plus loin et parfois au-delà de ses frontières, gardant en son sein le souvenir de sa source inépuisable, lumineuse, ou elles s’offrent à l’océan du monde et des autres hommes. »
Assurément, des littératures foisonnantes à découvrir – remercions l’éditeur et son engagement passionné.