Ignorer les liens de navigation
Couverture HD

Nabarun Bhattacharya Herbert

Traduit du bengali par Jyoti Garin

Mai 1992. En Russie, Boris Eltsine agite le spectre du capitalisme à des millions de Soviétiques. La Yougoslavie se désintègre. L’Allemagne réunifiée s’interroge sur son avenir et le communisme s’effondre tout autour.

Pendant ce temps, dans les « bidonvilles des vachers » du vieux Calcutta, Herbert Sarkar, propriétaire d’une entreprise qui « dialogue avec les morts », décide de rendre l’âme.  Il abandonne sa tante et son oncle, ses amis et ses ennemis, son penchant pour les cerfs-volants, son cœur brisé pour sa voisine Buki, le pigeonnier d’où il contemplait le ciel, son Ulster noir aux boutons gros comme des médailles, son cahier rempli de poèmes, ses promenades du soir sur Park Street, le souvenir d’une jeune fille russe courant sur le sol noir face aux soldats allemands, et même sa fée. Sa fée qui, battant des ailes contre la fenêtre, irradiait sa chambre de lumière bleutée…

Légendaire, satirique et cinglant, sauvagement énergique, profondément tendre, Herbert est un chef-d’œuvre de la littérature indienne.

  • Domaine Bengali
  • ISBN 979-10-96596-16-4
  • Dimensions du livre 13 x 20.5 cm
  • Nombre de pages 120 pages
  • Prix 14.50 
  • Date de parution 17/11/20
Auteur

Nabarun Bhattacharya

Nabarun Bhattacharya (1948–2014) était un écrivain et poète de langue bengali dont l’œuvre entière peut se définir par un engagement constant pour une esthétique révolutionnaire et radicale. Il est le fils unique de l’acteur et (...)
+

Dans la presse

« Mené tambour battant, Herbert raconte l’étrange histoire d’un orphelin à la vie marquée par la perte et le désir. Un tableau de la richesse et de l’agitation de la culture, de la littérature et de la politique bengalies du XXe siècle. » — The New Yorker

 

« Agile et vif, le récit de Bhattacharya ondule dans le temps : une expérience de lecture singulière. »
Publishers Weekly

 

« Nous avons besoin aujourd’hui de ce genre de roman qui met en lumière l’organisation de la société autour des privilèges acquis par des groupes de pression ; un roman qui va droit au cœur – ou plutôt, qui frappe à la veine jugulaire du système économique lui-même. Herbert tressaillit du souffle prophétique d’une tradition à venir. » — Ratik Asokan, 4 Columns

 

« Herbert se lit comme Les Cahiers de Malte Laurids Brigge de Rainer Maria Rilke transposés à Calcutta. Mettant en scène un jeune homme devenu medium, tourné vers les morts, qui boit et qui pleure à l’excès, ce récit est une mosaïque d’épisodes maniaques et immersifs. Cette traversée titubante et vertigineuse nous plonge dans une ville dont la sensualité paraît menaçante. »
Nate McNamara, LitHub

 

« Bhattacharya occupe une place unique au panthéon de la littérature bengalie : brillant, désenchanté et subversif. » — The Indian Express

 

« Une incroyable résurrection qui éclate de plein fouet, vibrante de rires, de puanteur et de rage. »
John Domini, The Washington Post

 

« Un roman étonnant, loufoque, terrifiant et libérateur, par un écrivain visionnaire. »
Siddharta Deb

 

Sur le net

Inde en livres
13 décembre 2020

Le toit de la terrasse, c’était le véritable espace d’Herbert. C’est là qu’il avait réalisé ses plus beaux projets : le rêve extraordinaire qui lui avait valu reconnaissance sociale et renommée, mais en même temps, ce fut aussi le lieu de sa fin. [Page 23]

 

Mai 1992

Quelques heures avant la découverte de son cadavre, Herbert avait promptement organisé une soirée épique avec des amis où les victuailles et l’alcool étaient en abondance.

Herbert Sarkar était un homme singulier, qui avait été sous la bonne protection de sa tante depuis le décès de ses parents alors qu’il n’était qu’un nourrisson. Quelques années après le décès de Binu, le petit-fils à sa tante, tué par la police, Herbert avait commencé à investir la petite pièce attenante à la maison pour devenir jusqu’à cette dernière nuit, sa chambre.

Herbert pouvait paraître aux yeux des autres, étrange, mais il connu, subitement et malgré lui, une solide réputation dans un domaine particulier, celui de converser avec les morts alors qu’en vérité, Herbert n’avait aucun don. Par le bouche-à-oreille, les gens affluaient dans sa chambre et venaient même quelquefois de loin. Pour pouvoir leur répondre, Herbert qui avait le sens de l’observation, s’inspirait des livres sur l’au-delà qu’il possédait. Mais à trop jouer avec les esprits, le risque est de basculer du monde des vivants à celui des morts.

 

Qu’importe la forme des cerfs-volants comme les Ghoyla, Pankhiraj, Chowrangi, Petkati, Chapraash, Satranchi, Mukhpora, Pan, Bouloup, c’était le noir des cieux. Une fois, il avait vu un Bouloum noir coupé flottant à travers un ciel sombre et orageux. Jamais avant ou après, il n’avait vu de périple aussi sombre et solennel. Son ultime voyage serait bien pâle comparé à cette noirceur en majesté. [Page 25]

La première chose qui est intrigante dans Herbert est son titre lorsqu’on découvre que son auteur Nabarun Bhattacharya est bengali. La seconde chose est son histoire, très originale, un brin fantastique.

Herbert est le nom du protagoniste de ce roman qui vit dans la ville de Calcutta, dans un quartier populaire, loin des quartiers cossues où vivaient les sahibs. Même s’il est bengali, Herbert possède un prénom qui pourrait être celui d’un sahib mais qui est en adéquation avec son physique, teint clair et mince. Même si converser avec les morts est finalement une grosse arnaque car Herbert ne possède aucun don, ce dernier, assez naïf, ne perçoit pas son entreprise comme une fraude jusqu’à la veille de son suicide. Cette soudaine notoriété, acquise suite à des rumeurs après le décès du fils de son cousin de qui il était très proche, lui confère un statut important. Une revanche sur la vie, pour cet homme qui a connu une enfance traumatisante suite au décès précoce de ses parents puis par sa mise à l’écart au cœur de la demeure familiale. Cette soudaine notoriété est également pour lui, l’occasion, et pour la première fois de sa vie, de gagner de l’argent sans même à établir d’honoraires pour ses services.

Herbert est un roman qui, dès les premières pages, happe le lecteur. Celui-ci est aspiré par ce roman passionnant, palpitant et très puissant. Herbert est un protagoniste attachant, doué dans l’écriture, qui se voit une nouvelle fois être le bouc émissaire, non pas de ses proches, mais d’une association rationaliste, dans une Inde où finalement on se demande qu’est-ce-qui est rationnel ? Herbert est un bel hommage par Nabarun Bhattacharya au monde des lettres, à cette ville de Calcutta qui nous y apparaît quelque peu différente et à l’activisme présente au Bengale. C’est également un beau clin d’œil à la culture indienne qui baigne dans les croyances surréalistes et mystiques. Jusqu’à la dernière page, Nabarun Bhattacharya sait surprendre son lecteur. Herbert est un pur délice et sa lecture est vivifiante. Il fait partie des romans incontournables de la littérature bengalie que nous pouvons découvrir grâce aux Éditions Banyan qui nous honore à travers cette parution.

Nabarun Bhattacharya, l’auteur de Herbert est un auteur issu d’une belle lignée. En effet, il est le fils unique de l’acteur et dramaturge Bijon Bhattacharya et de l’écrivaine et activiste Mahashweta Devi et le petit fils de Manish Ghatak, également écrivain.

Nabarun Bhattacharya a écrit de nombreux romans en langue bengalie, mais il a également été journaliste, poète et même parolier. Avec Herbert, il a remporté le prix littéraire indien « Sahitya Akademi Award » en 1993. Herbert a été adapté en film en 2005 par le réalisateur bengali Suman Mukhopdhyay.

https://www.inde-en-livres.fr/post/herbert-de-nabarun-bhattacharya